Singulier projet depuis presque dix ans, La Féline s’est imposé en douceur avec trois albums et une formule pop en français très mouvante. Le dernier, Vie future, vient de sortir.
Premiers coups de griffe
Derrière La Féline se cache Agnès Gayraud, musicienne mais aussi normalienne et docteure en philosophie. Un itinéraire peu banal, avant le premier album Adieu l’enfance, une des plus belles révélations de 2014. Le disque est à la fois cérébral et totalement accessible, froid et dansant, avec des singles forts (le titre éponyme Adieu l’enfance, Fashionistes) et des textes toujours passionnants. Sortie de l’ombre, La Féline a su apprivoiser un public interpellé par cette pop à l’instrumentation assez économe. Avec son deuxième album Triomphe en 2017, La Féline s’efface derrière des personnages féminins forts, tissant un univers plus guerrier, comme sur le single Senga. Armes à la main, la musicienne en impose et réussi à frapper aussi fort tout en sonnant différemment.
La Féline, l’apocalypse en chantant
Après le succès de Triomphe, Agnès Gayraud prend un peu de temps pour elle, se consacre à l’écriture d’un essai Dialectique de la pop – passionnant – puis réveille La Féline. Les bouleversements du monde, mais aussi dans sa vie personnelle (elle est enceinte) se téléscopent et irriguent Vie future, qui sort en octobre 2019. Si les thèmes traités sont graves (réchauffement climatique, menace sur notre civilisation), ils sont explorés avec un talent unique. Cela aurait pu donner un disque plombant, mais il n’en est rien. Il est facile de se laisser emporter par le single Palmiers sauvages ou la ballade Effet de nuit. Chaque disque de La Féline en dit un peu plus sur l’artiste, qui a su trouver une place à part, entre érudition et velléités pop au sens très large : à découvrir, si vous ne l’avez pas encore fait.
Sources photo : « La Féline – Vie Future » – discogs.com